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vendredi 31 mai 2013

Marie et Eucharistie (6)

Marie et Eucharistie (6)

Communier avec Marie, l’épouse royale (suite). « Le matin, après la messe, quand je possède Jésus dans mon cœur, je me présente à la sainte Vierge pour me consacrer à elle et je lui dis : « Ecce filius tuus : Voici votre fils. » Ô Vierge Marie, je suis votre enfant ; de plus, je suis participant du sacerdoce de Jésus ; acceptez-moi pour votre fils comme vous avez accepté Jésus » (Dom Columba Marmion). Nos communions ne sont pas uniquement une « union avec » notre Seigneur Jésus-Christ. Elles sont aussi autant de rencontres affectueuses avec notre Mère du ciel, envers qui nous sommes redevables d’un si grand bienfait. C’est pourquoi, l’âme fidèle « si elle reçoit Jésus par la communion, elle le mettra en Marie pour s'y complaire » (saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Le Secret de Marie 47). Marie pouvait dire, en 1876, à Estelle Faguette, la voyante de Pellevoisin, (lire la suite) « ce qui m'afflige le plus, c'est le manque de respect qu'on a pour mon Fils dans la sainte communion, et l'attitude de prière que l'on prend, quand l'esprit est occupé d'autres choses, je dis ceci, pour les personnes qui prétendent être pieuses ». Grignion de Montfort nous donne un conseil plein de sagesse et de sens surnaturel : « Tâchez de communier toujours par la Sainte Vierge, renonçant à vos propres dispositions, et vous revêtant de celles de la Sainte Vierge, quoique inconnues, et faisant encore reposer Jésus-Christ dans son sein virginal, en esprit et en vérité » (La Règle primitive de la Sagesse 158). Marie est le modèle pour le fidèle. Après l'action eucharistique, commence la mission, l'annonce, la louange de Dieu dans le monde et l'engagement pour la sanctification des frères. En outre, Marie, forte dans sa foi, reste debout près de la Croix, de même aussi les chrétiens, une fois la célébration terminée, ne sont pas abattus à cause du péché et de l'égoïsme, mais ils vivent ressuscités dans la puissance de l'Esprit du Christ, en accomplissant les œuvres de la Résurrection. (cf. Galates 5, 22). (fin)

Marie et Eucharistie (3)

Marie et Eucharistie (3)

Enfin, « Marie est présente, avec l'Église et comme Mère de l'Église, en chacune de nos Célébrations eucharistiques. Si Église et Eucharistie constituent un binôme inséparable, il faut en dire autant du binôme Marie et Eucharistie. C'est pourquoi aussi la mémoire de Marie dans la Célébration eucharistique se fait de manière unanime, depuis l'antiquité, dans les Églises d'Orient et d'Occident » (Ecclesia de Eucharistia, n° 57). « C'est pourquoi personne mieux qu'elle ne peut nous apprendre à comprendre et à vivre avec foi et amour la messe, en nous unissant au sacrifice rédempteur du Christ. Lorsque nous communions, nous aussi, comme Marie et unis à elle, nous nous unissons au bois de la Croix que Jésus, à travers son amour, a transformé en instrument de salut, et nous prononçons notre « Amen », notre « oui » à l'Amour crucifié et ressuscité » (Benoît XVI, Angélus, 11 septembre 2005). Marie peut être dite, avec Gerson, « mère de l’Eucharistie », et qualifiée par Jean-Paul II de « femme eucharistique » (Ecclesia de Eucharistia, n° 53). (lire la suite) Saint Éphrem (306-373) écrit que « Marie nous a donné le pain de la vie, à la place du pain de la souffrance que nous a donné Ève » (Hymne pour les azymes, 1, 6-7). Il voit en Marie le tabernacle où habitait le Verbe fait chair, symbole de l’habitation du Verbe dans l’Eucharistie présente dans l’Église. Le corps né de Marie est né pour devenir Eucharistie. Proclus, évêque de Jérusalem (390-446), dit de Marie qu’elle est le temple dans lequel Dieu s’est fait prêtre et victime. Elle est la demeure du roi et le lieu de repos du Verbe (cf. Oratio 1, 1 et Oratio 5, 3). « Marie est le temple dans lequel Dieu devint prêtre, en ne changeant pas notre nature, mais en la revêtant de ce qui est selon l’ordre de Melchisédech » (Homélie 1 De laudibus Sanctæ Mariæ). C’est pourquoi toute célébration eucharistique, mémorial du Sacrifice de la Croix (cf. Catéchisme de l’Église catholique, nos 1356, 1362-1372), fait intrinsèquement et essentiellement référence à Marie, qui nous a mérité le prêtre véritable et éternel. La source du sacerdoce du Christ et de l’Église se trouve dans le sein de Marie. (à suivre…)

dimanche 26 mai 2013

Béatrice d’Ornacieux et Marie

Bienheureuse Béatrice d’Ornacieux (v. 1260-1303). Née à Ornacieux, dans le Dauphiné, elle entre à la Chartreuse Notre-Dame-de-Parménie à l’âge de 13 ans, puis fonde la Chartreuse d’Eymeux (Drôme). « La Reine des cieux était pour cette fille privilégiée un asile toujours sûr et ouvert. Dans les tempêtes et les tentations, elle trouvait le calme sous la protection de Marie ; dans les incertitudes et les angoisses de la vie, elle consultait toujours sa Mère du ciel, qui, avec tendresse et sollicitude, lui montrait toujours, telle un phare lumineux, le chemin qu’il convenait de suivre ». C’est ainsi qu’un jour, l’ayant suppliée de lui venir en aide, « immédiatement Marie se présenta à elle. Elle semblait n’avoir que quinze ans, mais sa beauté céleste ne peut être dignement exprimée avec le langage terrestre. La très glorieuse Reine, posant son regard maternel, doux et compatissant, sur Béatrice, lui dit : « Ma fille, n’ai pas peur et sois confiante, je suis la Mère du Roi Tout-Puissant, de qui je suis l’Épouse ; je suis la Mère de la miséricorde ; avec ce pouvoir et cette miséricorde, je prends ton corps et ton âme sous ma garde et ma protection. » Une autre fois, se lamentant de ne pouvoir assister aux offices du Vendredi Saint, elle pria la Sainte Vierge et se retrouva aussitôt en dehors de sa cellule et entra dans la chapelle à la stupéfaction de la Prieure et des autres religieuses.

samedi 25 mai 2013

Baptême de la Sainte Vierge

Baptême de la Sainte Vierge

Commentant Jean 3, 22, « après cela, Jésus se rendit avec ses disciples au pays de Judée ; il y séjourna avec eux et il y baptisait », le bienheureux Palafox se demande : « Quel fut le bienheureux qu'il a baptisé ? En cela, je suis l'opinion la plus probable, que le Seigneur a baptisé de sa main uniquement la Reine des anges et saint Pierre. Et qu'ensuite saint Pierre a baptisé saint André, son frère, saint Jacques et saint Jean, et eux trois les autres apôtres. Et saint Jean les disciples, et de cette façon le baptême est entré dans l'Église » (Œuvres complètes, t. 2, l. 2, 1e partie). Il s'appuie sur saint Évode d'Antioche (v. 35-107/13), Clément d'Alexandrie (v. 150-v. 215), et Nicéphore, cités par Baronius et par le cardinal Robert Bellarmin. Il cite deux arguments de congruence : « Le premier est que, le Seigneur devant baptiser de sa main, et favoriser de la sorte une créature, la première de toutes était la Reine des anges, Marie, sa Mère, et il la baptisa donc la première, parce qu'elle était la première en tout. La seconde, le baptême que le Seigneur administrait étant la première pierre sacramentelle qu'il mettait à son Église, il était juste que cette première action commence par la Bienheureuse Vierge Marie, afin que l'Église sache qu'elle doit tout à son intercession. » Répondant par avance aux objections éventuelles quant à la plénitude de grâces de Marie, Palafox souligne qu'« avec le baptême que son Fils lui a donné, elle a reçu plus de grâces ; car elle a reçu l'augmentation de celle-ci que lui offrait ce sacrement et le caractère de chrétienne, qu'il offre à tout ceux qui le reçoivent ». Cette thèse, aujourd'hui abandonnée, a été soutenue également par saint Albert le Grand, Duns Scot, Pierre Canisius, Francisco Suárez, Gabriel Vázquez.

vendredi 24 mai 2013

Balthasar de Riez et Marie

Balthasar de Riez et Marie

Balthasar de Riez († 1678), Capucin allemand, gardien du couvent d’Aix-la-Chapelle puis prieur de sa province. Il écrit, en 1669, Les justes louanges de la très auguste Mère de Dieu, appuyées sur l’autorité des SS. Pères et docteurs de l’Église et sur de fortes raisons contre ceux qui y voudraient contredire. Il y défend la participation de Marie à la Rédemption, par une libre disposition de Dieu : « Bien que le divin sauveur du monde n’eût aucunement besoin d’aide ni d’assistance pour parachever l’œuvre de notre rédemption …] néanmoins cela n’empêche pas qu’il ne fît l’honneur à sa très sainte Mère […] de l’associer en cette belle conquête, et nous de dérogeons aucunement à la qualité de sauveur qui est singulièrement propre à Jésus-Christ et ne lui faisons point de tort en cette sienne entreprise, lorsque nous disons qu’elle mérita avec son Fils (en un degré pourtant extrêmement inférieur) la réparation des hommes avec toute la suite des grâces qui sont encloses dans l’entremise de notre salut. » Il y affirme aussi que Marie « n’a pas contracté le péché originel, parce qu’elle devait être la coadjutrice du Sauveur au chef-d’œuvre de la rédemption du monde ; étant bien raisonnable qu’elle fût exempte du mal dont elle devrait guérir les autres ».

jeudi 23 mai 2013

Marie Avocate

Marie Avocate

« Nous avons la Vierge pour avocate universelle en toute chose ; parce qu'elle est plus puissante en n'importe nécessité que les autres saints en certains besoins particuliers » (Suárez, In III disput. XXIII, sect. III, n° 5). La Sainte Vierge révéla à la vénérable Marie Villani (voir Apparitions-Naples) qu’« après le titre de Mère de Dieu, le titre dont je me glorifie, c'est celui d'avocate des pécheurs » (st A.-M. de Liguori, Les gloires 6, 2). Atticus, patriarche de Constantinople de 406 à 425, affirme, dans une homélie : « Tu es bénie entre les femmes, toi qui seule a guéri l’affliction d’Ève, toi qui seule a essuyé les larmes de celle qui était affligée, toi qui seule a fait lever le salut du monde entier ». « Comme la première Ève, séduite par le discours d'un ange qui la portait à fuir Dieu, a prévariqué contre la Parole de ce dernier, ainsi la seconde a reçu à son tour par le ministère d'un Ange la bonne nouvelle qu'elle portait Dieu, et elle a obéi à sa Parole. La première avait désobéi à Dieu ; la seconde, au contraire, s'est laissée persuader de lui obéir, en sorte que d'Ève vierge la Vierge Marie devint l'Avocate. Et de même que le genre humain a été assujetti à la mort par une vierge, c'est par une vierge qu'il est sauvé. Ainsi les plateaux sont en équilibre : la désobéissance virginale est contrebalancée par l'obéissance virginale ; le péché du premier-né est réparé par le Premier-né ; l'habileté du serpent est vaincue par la simplicité de la colombe et les liens sont défaits, qui nous entraînaient à la mort » (st Irénée, Contre les hérétiques 5, 19, 1). « Il était juste et nécessaire qu’Adam fût restauré dans le Christ, afin que le mortel fût absorbé et englouti par l’immortalité et qu’Ève fût restaurée en Marie, afin qu’une Vierge devenue l’avocate d’une vierge, effaçât et abolît la désobéissance d’une vierge par son obéissance de Vierge » (st Irénée, Epideixis). « Marie est visitée pour libérer Ève » (st Ambroise, De institutione virginum 32). « Par Marie Ève est guérie » (Proclus de Constantinople, Orat 1). « Vous m’avez donné pour avocate votre très douce Mère la bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu’en mettrait un époux à confier à sa propre mère l’épouse qu’il s’est choisie » (ste Gertrude, Les Révélations 2, 23).

mercredi 22 mai 2013

Antoine de Padoue et Marie (3)

Antoine de Padoue et Marie (3)

Dans le sermon sur l’Assomption, saint Antoine de Padoue affirme qu’« il posa sur sa tête le diadème royal ». « Venez contempler, filles de Sion, le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l'a couronné, le jour de ses Épousailles» (Cantique 3, 11). La Vierge Marie a couronné le Fils de Dieu avec le diadème de la chair humaine, le jour de ses épousailles, lorsque la nature divine fut unie, comme un époux, à la nature humaine, dans la lit nuptial de la Vierge Marie, aujourd'hui, le Fils a couronné sa Mère du diadème de la gloire céleste. Elle est un Vase d'or. L'humilité se conserve par la pauvreté. La pauvreté est dite « d'or » parce qu'elle rend riches ceux qui la possèdent ; Vase d'or massif, car l'humilité et la pauvreté de la Vierge Marie furent ornées de la pureté. Ce vase a été orné de toutes sortes de pierres précieuses, privilèges et dons célestes. Celle qui engendra le Créateur et le Rédempteur réunit en elle les mérites de tous les saints. Elle est l’Olivier chargé de fruits. L'olivier produit une fleur parfumée, d'où sa forme l'olive qui est d'abord verte, puis rouge et enfin mûre. Sainte Anne fut l'olivier d'où germa la fleur au parfum incomparable de la Vierge Marie. Celle-ci fut verte, demeura vierge dans la conception et la Nativité du Sauveur, avant l'enfantement, dans l'enfantement et après l’enfantement ; elle fut rouge dans la Passion de son Fils, lorsque l'épée transperça son âme ; elle fut mûre dans l'Assomption d'aujourd'hui, car elle est épanouie et possède le bonheur de la gloire céleste. Enfin, Marie est un Cyprès s'élevant jusqu'aux nuages, plus haut que tous les anges. « Au-dessus du firmament, qui était sur leur tête (des quatre animaux), se voyait une pierre de saphir, ressemblant à un trône ; et sur cette ressemblance de trône, il semblait apparaître un semblant d’homme au-dessus » (Ezéchiel 1, 26). Dans les quatre animaux sont représentés tous les saints, décorés de vertus et instruits de l'enseignement des quatre Évangiles ; dans le firmament, les chœurs des anges ; dans le trône, la Vierge Marie, dans laquelle le Seigneur s'humilia lorsqu'il prit chair en elle. Dans le fils d'homme, Jésus-Christ, Fils de Dieu et de l'homme.

mardi 21 mai 2013

Antoine de Padoue et Marie (2)

Dans le sermon pour la Purification,saint Antoine de Padoue voit en la Vierge comme un rameau de l'arbre à encens en été. Le mot encens vient du grec Théos, « Dieu », en l'honneur de qui il est brûlé. L'arbre à encens s'appelle « liban ». « Je me suis élevée comme le cèdre sur le Liban [...], j’ai donné du parfum comme la cannelle et comme le baume odorant » (Ecclésiastique 24, 13.15). Cet arbre est la figure de Marie. Elle ne fut incise par aucun fer de concupiscence. Elle parfume de vertus et d'amour l'âme dans laquelle elle habite. Elle émane d'elle l'encens parfumé, l'humanité de Jésus-Christ, dont le parfum a rempli le monde entier. Elle est comme feu resplendissant et encens qui brûle dans le feu. Jésus-Christ a resplendi comme un feu devant les bergers lors de sa Nativité, devant les Mages lors de son Épiphanie, devant Syméon et Anne lors de la Purification de sa Mère. Dans sa Passion, en revanche, il a brûlé comme encens au feu, et de son parfum furent remplis les cieux, la terre et les enfers

lundi 20 mai 2013

Antoine de Padoue et Marie (1)

Antoine de Padoue et Marie (1)

Dans le sermon sur la Nativité saint Antoine de Padoue invoque Marie : « Nous te prions, ô Notre Dame, Toi, qui es l’Étoile du matin, chasse par ta splendeur le nuage de la tentation du diable qui recouvre la terre de notre esprit. Toi, qui es la lune en son plein, remplis le vide de notre cœur, dissous les ténèbres de nos péchés, afin que nous méritions de parvenir à la plénitude de la vie éternelle et à la lumière de la gloire infinie. » Celui sur l’Annonciation la présente comme le soleil resplendissant sur le Temple du Très-Haut. Le soleil possède comme propriétés la splendeur, la blancheur et la chaleur, propriétés qui répondent aux trois paroles de l'archange saint Gabriel : « Je vous salue, pleine de grâce », « Ne crains pas », « L'Esprit Saint surviendra sur toi ». Elle est aussi comme l'arc-en-ciel brillant dans un nuage de gloire. Il se forme lorsque le soleil entre dans un nuage et possède quatre couleurs : fuligineux, azur, doré et de feu. Ainsi, lorsque le soleil de justice, le Fils de Dieu, est entré dans la glorieuse Vierge, elle est devenue comme un arc-en-ciel brillant, un signe d'alliance, de paix et de réconciliation, entre « nuages de gloire » c'est-à-dire entre Dieu et le pécheur. La couleur fuligineuse désigne la pauvreté de Marie ; l'azur, son humilité ; le doré, sa charité ; le feu, dont la flamme ne peut ni être partagée ni endommagée par l'épée, sa virginité intacte. Marie est encore « comme la rose au printemps ». Le printemps (en latin ver) est ainsi appelé parce qu’il verdoie. Au printemps, la terre se revêt d'herbe et se colore de fleurs bariolées, la température s'adoucit, les oiseaux jouent de la cithare et tout semble sourire. Et comme un lis près d'une source : de même que les lis le long d'un cours d'eau conservent leur fraîcheur, leur beauté et leur parfum, la Vierge Marie garda la fraîcheur et la beauté de sa virginité, lorsqu'elle donna le jour à son Fils.

dimanche 19 mai 2013

Prière du soir à Marie

Prière du soir à Marie

Prière du soir à Marie : « Encore un de mes jours envolé comme une ombre… / Mère, encore un soleil qui ne brillera plus, / Et qu'il faut ajouter à la liste sans nombre / Des soleils et des jours à jamais disparus. / Je ne les compte point : Le chêne qui s'effeuille / Et qui pressent déjà le printemps approcher / Compte-t-il les rameaux que l'orage lui cueille / Pour les semer, de-ci, de-là, par le sentier ? / Sur le vaste océan la rapide hirondelle / Compte-t-elle, en partant chercher des jours plus beaux, / Les plumes que le vent arrache de son aile / Et qui s'en vont flotter sur le cristal des eaux ? / Moi je m'envole aussi vers une autre patrie, / Et j'espère un printemps qui doit durer toujours. / Mère, qu'importe donc que j'effeuille ma vie, / Qu'importent le grand vent, et l'orage, et mes jours ? / Et je viens à tes pieds finir cette journée / Pour que son souvenir, en renaissant parfois, / Soit un soleil d'hiver à mon âme fanée, / Quand je ne vivrai plus que des jours d'autrefois. / Mère, il fait bon prier devant ta douce image ! / Quand je suis à genoux, les yeux fixés sur toi, / Tu me parles, j'entends ton suave langage, / Puis, je me sens pleurer, et je ne sais pourquoi… / Je suis heureux pourtant… Quand je t'ai dit : Je t'aime, / Quand mon regard se lève et cherche ton regard ; / À travers le vitrail lorsque la lune blême / Nous éclaire tous deux de son rayon blafard ; / Quand tout s'endort au loin dans la morne nature, / Quand partout le silence avec l'ombre descend, / Mon âme alors vers toi monte, paisible, pure, / Et je sens le bonheur m'inonder doucement. / Mère, à mon dernier soir, semblable à la corolle / Qui s'incline vers toi, ce soir, sur ton autel, / Oh ! Tourner mon regard vers ta douce auréole, / Et m'endormir… dormir… sur ton sein maternel » (Félix Anizan, Les Roses de mon vieux jardin).

samedi 18 mai 2013

Marie et les anges

Marie et les anges

« Marie a été aimée par Dieu plus que toutes les créatures, il s’est pleinement complu en elle, et il l’a comblée admirablement de toutes ses grâces, beaucoup plus que tous les esprits angéliques et que tous les saints ». La grâce première de Marie est supérieure à celle des anges et des saints réunis. Plus on est proche du principe, plus on participe de son effet. Ainsi Denys [l’Aréopagite] dit-il que les anges qui sont tout près de Dieu participent des bontés divines plus que les hommes. Or le Christ est principe de la grâce : par sa divinité comme premier auteur, par son humanité comme instrument : « La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jean 1,17). Or, la Vierge Marie fut la plus proche du Christ selon l'humanité, parce qu'il a reçu d'elle la nature humaine. Et c'est pourquoi elle devait obtenir du Christ, plus que tous les autres, la plénitude de grâce (cf. saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique III, q. 27 a. 5). De plus les anges ne manifestent pas des égards aux hommes leur étant supérieurs. Or, l’ange Gabriel salue la Sainte Vierge et l’appelle « comblée de grâce ». Il s'en suit que Marie est supérieure en grâce aux anges (cf. saint Thomas d'Aquin, Commentaire de la Salutation angélique). « Nous vous encensons, vous qui êtes plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins » (liturgie byzantino-slave). Marie est souvent représentée avec des anges.

vendredi 17 mai 2013

Angel Manrique et Marie

Angel Manrique et Marie

Angel Manrique (1577-1649)est Le plus éminent représentant de l’Ordre de Cîteaux en Espagne au XVIIe s. Né Pedro Medina Manrique, il enseigne à l’université de Salamanque, puis est nommé évêque de Badajoz. Il écrit l’histoire de son Ordre. Il publie une Apología en latín en faveur de l'Immaculée Conception. Sa mariologie est contenue principalement dans le Santoral Cisterciense, hecho de varios Discursos predicables en todas las fiestas de Nuestra Señora y otros Santos et dans les Sermones varios. Pour chacun des dix discours, l’auteur annonce le mystère célébré en transcrivant le texte biblique, qu’il explique sous forme de « pensées ». Un paragraphe intitulé « Louange de Marie » reprend l’excellence de la Vierge et décrit sa gloire. Tous les discours sauf un s’adressent à la « Sérénissime Reine des anges ». Relevons que Manrique voit en Marie la personnification de la « femme forte » du Livre des Proverbes (31, 10), parce que « plus cette très pure Doncelle était morte au monde, plus elle était plongée en Dieu » que tous les saints, les dépassant ainsi en perfection et en grandeur, mais aussi parce que Dieu, de son côté, « plus il l’aimait, et plus il était amoureux d’elle, la communication des secrets ayant toujours été considérée un gage et un signe d’amour ». Marie dépasse les anges de beaucoup et est, « en un certain sens, égale à Dieu » par l’amour, car l’amour égale l’aimé à l’aimant (Santoral). Enfin, « quelle est la Gloire du Père ? Son Fils bien-aimé. Gloria Patris, Filius Sapiens, le Verbe éternel, qui est la Sagesse de Dieu ; telle est sa Gloire. Eh bien ! cette Gloire, en vérité il la tient à moitié de Marie : Ecce concipies, et paries Filium. En vérité il lui fut donné ce jour-là pour son propre Fils ; et si le fils Sage est la gloire de ses parents, le Père Éternel n’a pas de meilleur gloire qu’Elle » (Ibid.).

jeudi 16 mai 2013

Angèle de Foligno et Marie

Angèle de Foligno et Marie

La bienheureuse Angèle de Foligno (1248-1309), Franciscaine, est une des premières grandes mystiques reconnues. Elle naît, en 1291, à Foligno, près d’Assise (Italie). Elle a raconté sa vision de la Sainte Vierge : « Un jour j'entendais la messe ; et au moment de l'élévation, à l'instant où les assistants se mettaient à genoux, je fus ravie en esprit : la Vierge m'apparut et me dit: « Ma fille, la bien-aimée de Dieu, et ma bien-aimée, mon Fils est déjà venu à toi, et tu as reçu sa bénédiction. » Elle me fit comprendre que son Fils était sur l'autel après la consécration de l'hostie. J'entendis ce que je n'avais jamais entendu ; j'entendis qu'il s'agissait d'une joie nouvelle absolument. En effet, la joie qui résulta des paroles entendues fut telle, que si l'on me disait « Existe-t-il une créature qui puisse l'exprimer par une parole quelconque? » je répondrais « Je ne sais pas et je ne crois pas. » La Vierge parlait avec une grande humilité, et déposait dans mon âme un sentiment nouveau d'une douceur inconnue. Une chose m'étonnait c'était d'avoir pu rester debout. Je ne tombai pas à terre, et je n'y comprends rien. Elle ajouta : « Après la visite et la bénédiction du Fils, il est convenable que tu reçoives celle de la Mère. Sois bénie par mon Fils et par moi. Que ton travail soit d'aimer dans toute la mesure de tes puissances ; car tu es beaucoup aimée, et tu arriveras vers l'objet sans fin. » J'éprouvai une joie nouvelle, qui n'était surpassée par aucune joie connue, mais elle fut bientôt surpassée par elle-même ; car elle augmenta au moment de l'élévation. Je ne vis pas le corps de Jésus-Christ sur l'autel ; je le vois souvent ; je ne le vis pas ce jour-là. Mais je sentis la présence de Jésus-Christ dans mon âme ; je la sentis en vérité. »

mercredi 15 mai 2013

Saint André de Crète et Marie

Saint André de Crète (v. 660-740) est moine à Jérusalem, diacre à Constantinople, évêque de Gortyne (Crète). Il compose de nombreuses hymnes marials, protestant ainsi contre les iconoclastes. Il souligne le rôle d'Avocate de la Vierge et évoque sa Nativité : « Aujourd'hui comme pour des noces, l'Église se pare de la perle inviolée, de la vraie pureté. Aujourd'hui, dans tout l'éclat de sa noblesse immaculée, l'humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier état et son ancienne beauté. Les hontes du péché avaient obscurci la splendeur et les charmes de la nature humaine ; mais, lorsque naît la Mère de celui qui est la Beauté par excellence, cette nature recouvre en elle ses anciens privilèges, elle est façonnée suivant un modèle parfait et entièrement digne de Dieu. Et cette formation est une parfaite restauration et cette restauration est une divinisation et cette divinisation, une assimilation à l'état primitif. Aujourd'hui, contre toute espérance, la femme stérile devient mère et cette mère, donnant naissance à une descendance qui n'a pas de mère, née elle-même de l'infécondité, a consacré tous les enfantements de la nature. Aujourd'hui est apparu l'éclat de la pourpre divine, aujourd'hui la misérable nature humaine a revêtu la dignité royale. Aujourd'hui, selon la prophétie, le sceptre de David a fleuri en même temps que le rameau toujours vert d'Aaron, qui, pour nous, a produit le Christ rameau de la force. Aujourd'hui, une jeune vierge est sortie de Juda et de David, portant la marque du règne et du sacerdoce de celui qui a reçu, suivant l'ordre de Melchisédech, le sacerdoce d'Aaron. Pour tout dire en un mot, aujourd'hui commence la régénération de notre nature, et le monde vieilli, soumis à une transformation divine, reçoit les prémices de la seconde création. »

mardi 14 mai 2013

André Bobola et Marie

André Bobola et Marie

Saint André Bobola (1591-1657), Jésuite polonais, prédicateur et missionnaire, ayant travaillé au rapprochement entre catholiques et orthodoxes, est un des patrons de la Pologne. Il fonde une congrégation de la Sainte Vierge pour les paysans, à Pinsk. Il est modérateur de la Congrégation mariale à Vilnius, en Lituanie. Alors que les Cosaques le torturent il s’écrie : « Mes chers enfants, que faites-vous ?... Que le Seigneur notre Dieu soit avec vous et, dans votre malice, faites un retour sur vous-mêmes... Jésus ! Marie ! assistez-moi ! Éclairez ces aveugles par votre lumière ; convertissez-les, retirez-les de leurs erreurs... Seigneur, que votre volonté se fasse !... Jésus, Marie !... Seigneur, je livre mon âme entre vos mains. » Il meurt martyr à coups de poignard, poignard qui est son attribut iconographique. Il a été canonisé, en 1938.

lundi 13 mai 2013

Amphiloque d'Iconium et Marie

Amphiloque d'Iconium et Marie

Évêque d’Iconium au IVe siècle, il appartient à l’école cappadocienne qui sera déterminante dans les définitions dogmatiques du concile de Constantinople I. Il rapproche le glaive de douleur prédit par Siméon du trouble de Marie au pied de la Croix : « Ainsi que le Seigneur l’avait bien prédit : « Tous souffriront de ma part comme un scandale en cette nuit. » D’où Siméon ajoute en disant : « Et ta propre âme, un glaive de douleur la traversera, pour que les pensées de beaucoup de cœurs soient révélées. » Voyez comment Siméon a appelé glaive ces pensées inextricables. […] Or c’est dans ces pensées que la Vierge Marie est tombée, parce qu’elle ne connaissait pas encore le réconfort de la résurrection, […]. De sorte qu’après la résurrection il n’y aura plus de glaive tranchant […] Siméon a donc appelé signe de contradiction le signe de la croix, lorsque le glaive des pensées tourmenta la Vierge » (Oratio in occursum Domini 8).

dimanche 12 mai 2013

Marie et les âmes du purgatoire

Marie et les âmes du purgatoire

Nous lisons dans le Bréviaire romain, à la sixième leçon de l’office de la fête de Notre-Dame-du-Mont-Carmel : « La Bienheureuse Vierge Marie console au purgatoire, avec une tendresse toute maternelle, ceux de ses fils qui, après s’être enrôlés dans la confrérie du scapulaire, ont fidèlement gardé les règles prescrites, et, de plus, suivant une pieuse croyance, sa protection leur assure promptement les joies du paradis. » Marie a dit à sainte Brigitte : « Je suis la Mère de toutes les âmes qui souffrent en purgatoire, et les peines qu’elles y endurent pour les péchés commis pendant leur vie sont à toute heure mitigées de quelque façon, grâce à mes prières maternelles » (Revelationes 4, 138). « Grande est la bonté de Marie envers les âmes du purgatoire, et par elle elles obtiennent les suffrages dont elles ont besoin » (saint Vincent Ferrier, cité dans A.M. de Liguori, Les gloires 8, 2). « Au jour de la glorieuse Assomption de Marie, il ne resta pas une âme dans le purgatoire » (Gerson, Ibid.). « Chaque année, à la fête de la naissance de Jésus-Christ, Marie, accompagnée d’une multitude d’anges, descend dans le purgatoire pour en délivrer un grand nombre d’âmes. Également, durant la nuit de la Résurrection de Jésus-Christ, elle vient chaque année tirer beaucoup d’âmes de la prison du purgatoire » (Denys le Chartreux, Ibid.).

samedi 11 mai 2013

Ambroise Autpert et Marie

Ambroise Autpert et Marie

Ambroise Autpert est le plus grand mariologue d’Occident. Il voit le rôle décisif de Marie dans l’œuvre de la Rédemption. Il ne sépare jamais Marie du mystère de l’Église : Marie est le modèle de l’Église et notre modèle à tous. « La bienheureuse et pieuse Vierge [...] engendre quotidiennement de nouveaux peuples, à partir desquels se forme le Corps général du Médiateur. Il n’est donc pas surprenant que celle dans le sein duquel l’Église elle-même mérite d’être unie à son Chef, représente le type de l’Église. » Il relève la Maternité spirituelle que Marie exerce par sa prière. « À parler vrai, c’est avec un sentiment tout maternel qu’elle [prie] pour eux. Elle regarde comme ses fils ceux que la grâce unit au Christ. N’est-elle pas la mère des élus, elle qui a engendré leur frère ? Je m’explique : Si le Christ est le frère des croyants, pourquoi celle qui l’a engendré ne serait-elle pas leur mère ? » (Sermo in Purif. § 7). Aupert insiste sur le rôle de l’Incarnation du Christ dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie : le Christ « doit en nous, qui sommes son corps, naître, mourir et ressusciter quotidiennement » (In Apoc. 3). Aupert n’attribue à la Vierge pour vertu que l’humilité, parce que c’est la seule dont parle l’Évangile (Luc 1, 38.48) : « Bienheureuse humilité, qui a renouvelé les cieux, purifié le monde, ouvert le paradis et fait sortir des limbes les âmes des saints ! Marie devient l’humilité personnifiée : « Oui, bienheureuse humilité, qui avez enfanté Dieu aux hommes, mis au monde la vie pour la donner aux mortels ! Ô bienheureuse et vraie humilité, porte du ciel, échelle du paradis ! Oui, Marie est devenue toute humilité, elle par qui le Seigneur a daigné naître. Elle est devenue la porte du ciel, l’échelle céleste par laquelle Dieu est descendu sur la terre » (Sermo in Nativ). Puisque le Christ est le frère des croyants, Marie est « la Mère des fidèles » (Homélie pour la fête de la Purification).

vendredi 10 mai 2013

Marie, Miroir des Vierges

Marie, Miroir des Vierges

C'est l'ardeur à l'étude qui fait d'abord la noblesse du maître. Quoi de plus noble que la mère de Dieu ? Quoi de plus splendide que celle-là même qu'a choisie la splendeur ? Quoi de plus chaste que celle qui a engendré le corps sans souillure corporelle ? Et que dire de ses autres vertus ? Elle était vierge, non seulement de corps, mais d'esprit, elle dont jamais les ruses du péché n'ont altéré la pureté : humble de cœur, réfléchie dans ses propos, prudente, avare de paroles, avide de lecture ; elle mettait son espoir non dans l'incertitude de ses richesses, mais dans la prière des pauvres ; appliquée à l'ouvrage, réservée, elle prenait pour juge de son âme non l'homme, mais Dieu ; ne blessant jamais, bienveillante à tous, pleine de respect pour les vieillards, sans jalousie pour ceux de son âge, elle fuyait la jactance, suivait la raison, aimait la vertu. Quand donc offensa-t-elle ses parents, ne fût-ce que dans son attitude ? Quand la vit-on en désaccord avec ses proches ? Quand repoussa-t-elle l'humble avec dédain, (lire la suite) se moqua-t-elle du faible, évita-t-elle le miséreux ? Elle ne fréquentait que les seules réunions d'hommes où, venue par charité, elle n'eût pas à rougir ni à souffrir dans sa modestie. Aucune dureté dans son regard, aucune licence dans ses paroles, aucune imprudence en ses actes ; rien de heurté dans le geste, de relâché dans la démarche, d'insolent dans la voix : son attitude extérieure était l'image même de son âme, le reflet de sa droiture. Une bonne maison doit se reconnaître à son vestibule, et bien montrer dès l'entrée qu'elle ne recèle pas de ténèbres ; ainsi notre âme doit-elle, sans être entravée par le corps, donner au dehors sa lumière, semblable à la lampe qui répand de l'intérieur sa clarté... Bien que Mère du Seigneur, elle aspirait pourtant à apprendre les préceptes du Seigneur ; elle qui avait enfanté Dieu, souhaitait pourtant de connaître Dieu. Elle est le modèle de la virginité. La vie de Marie doit être en effet à elle seule un exemple pour tous. Si donc nous aimons l'auteur, apprécions aussi l'œuvre ; et que toutes celles qui aspirent à ses privilèges imitent son exemple. Que de vertus éclatent en une seule vierge ! Asile de la pureté, étendard de la foi, modèle de la dévotion ; vierge dans la maison, auxiliaire pour le sacerdoce, mère dans le temple. Combien de vierges ira-t-elle chercher pour les prendre dans ses bras et les conduire au Seigneur, disant : Voici celle qui a gardé le lit de mon fils, celle qui a gardé la couche nuptiale dans une pureté immaculée. Et de même, le Seigneur les confiera au Père, redisant la parole qu'il aimait : « Père saint, voici celles que je t'ai gardées, sur lesquelles le Fils de l'homme inclinant la tête s'est reposé ; je demande que là où je suis, elles soient avec moi. Mais puisque n'ayant pas vécu pour elles seules, elles ne doivent pas se sauver seules, puissent-elles racheter, l'une ses parents, l'autre ses frères. Père juste, le monde ne m'a pas connu, mais elles m'ont connu, et elles n'ont pas voulu connaître le monde. » Quel cortège, quels applaudissements d'allégresse parmi les anges ! Elle a mérité d'habiter le ciel, celle qui a vécu dans le siècle une vie céleste. Alors Marie, prenant le tambourin, conduira les chœurs des vierges chantant au Seigneur, et bénissant d'avoir traversé la mer du siècle sans sombrer dans ses remous. Alors, toutes exulteront, disant : J'entrerai à l'autel de mon Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse. J'immole à Dieu un sacrifice de louange, et j'offre mes vœux au Très-Haut. Et je ne doute pas que devant vous ne s'ouvrent tout grands les autels de Dieu, vous dont j'oserais dire que les âmes sont des autels où chaque jour, pour la rédemption du Corps mystique, 1e Christ est immolé. Car si le corps de la Vierge est le temple de Dieu, que dire de l'âme, qui, mise à nu par la main du Prêtre éternel, les cendres du corps pour ainsi dire écartées, exhale la chaleur du feu divin ? Bienheureuses vierges, embaumées du parfum immortel de la grâce, comme les jardins par les fleurs, les temples par le culte divin, les autels par le prêtre. Saint Ambroise, De Virginibus.

jeudi 9 mai 2013

Amour de Marie

Amour de Marie

L'amour de Marie, quoique parfait dès le début, ne cesse cependant pas de croître, de par son union étroite à Dieu, dans sa fidélité et sa docilité aux motions du Saint-Esprit. « Marie est une femme qui aime. Comment pourrait-il en être autrement ? Comme croyante qui, dans la foi, pense avec les pensées de Dieu et veut avec la volonté de Dieu, elle ne peut qu'être une femme qui aime. Nous le percevons à travers ses gestes silencieux, auxquels se réfèrent les Évangiles de l'enfance. Nous le voyons à travers la délicatesse avec laquelle, à Cana, elle perçoit les besoins dans lesquels sont pris les époux et elle les présente à Jésus. Nous le voyons dans l'humilité avec laquelle elle accepte d'être délaissée durant la période de la vie publique de Jésus, sachant que son Fils doit fonder une nouvelle famille et que l'heure de sa Mère arrivera seulement au moment de la Croix, qui sera l'heure véritable de Jésus (cf. Jean 2, 4 ; 13, 1). Alors quand les disciples auront fui, elle demeurera sous la Croix (cf. Jean 19, 27-27) ; plus tard, à l'heure de la Pentecôte, ce seront les disciples qui se rassembleront autour d'elle dans l'attente de l'Esprit Saint (cf. Actes 1, 14) » (Benoît XVI, enc. Deus caritas est, n° 41). « De ces deux amours naquit un seul amour, puisque la Vierge Marie aimait son Fils comme on aime Dieu, et aimait Dieu en aimant son Fils » (Amédée de Lausanne, Homélies mariales 5).

Notre vie, espérance et salut

Notre vie, espérance et salut

« Docteur du salut et de la sainteté », saint Alphonse considère de préférence le rôle de Marie dans l’économie pratique du salut. Mère, Reine, Médiatrice nécessaire et universelle de tous les rachetés, des pécheurs, Marie est notre Vie, notre Espérance, notre Salut : « C’est justement pour user envers nous de toutes les miséricordes possibles que le Père éternel non content de nous avoir donné Jésus-Christ pour principal avocat auprès de lui, a encore constitué Marie notre avocate auprès de Jésus-Christ […]. Nous ne pourrions trouver une avocate plus puissante auprès de Dieu, et plus miséricordieuse à notre égard. Recourez donc à elle avec joie, c’est elle qui vous sauvera par son intercession ». En pratique il s’agit donc de prier, d’aimer, de vénérer Marie partout et toujours : « La dévotion à Marie est un gage de prédestination. Un serviteur de Marie, fidèle à l’honorer et à se recommander à elle, ne peut se damner ». Saint Alphonse, plus qu’aucun autre saint ou docteur de l’Église, a compris que l’économie présente du salut est essentiellement une « économie de prière ». Le souci constant est de bien prier, de toujours prier, de faire prier, de demander sans cesse les grâces décisives : amour, persévérance, prière. Dans cette économie de la prière, Marie joue un rôle primordial : « Cette Mère de miséricorde, écrit saint Alphonse, n’est que douce bonté, n’est que suavité, non seulement pour les justes, mais aussi pour les pécheurs, et pour les désespérés eux-mêmes. Tous elle les console. » Saint Alphonse s’explique encore : « Ce n’est pas que Marie soit plus puissante ou plus miséricordieuse que son divin Fils. Au contraire. C’est de lui qu’elle tient tous les trésors de son cœur maternel. Mais quand nous recourons à notre Mère du ciel, d’une part notre confiance est aisément plus assurée et plus vive et d’autre part Dieu veut ainsi honorer sa Mère ». Le Docteur des Gloires de Marie est toujours le « Docteur de la prière ».

mercredi 8 mai 2013

Chant à sainte Jeanne d'Arc

Chant à sainte Jeanne d'Arc

Jeanne d’Arc, ô Vierge bénie Par qui la France à l’agonie Fut arrachée à l’oppresseur, Ne laisse pas dans la tempête, Périr le fruit de ta conquête Garde la France, (ter) Ô noble sœur ! (droits de reproduction réservés) 1. Pour le salut de la Patrie Prions, Français, d’un même cœur ; Quand un pays espère et prie, C’est le réveil de sa grandeur. 2. Un jour, hélas ! Au cœur frappé, La belle France allait mourir Sur les débris de son épée ; Mais le ciel vint la secourir. 3. Des voix d’en haut, Jeanne inspirée Quitte sa mère et son troupeau, Et la victoire inespérée Suit désormais son blanc drapeau. 4. Tout se relève en la patrie, Comme la fleur au beau soleil, Et Jeanne alors, l’âme attendrie, Rend gloire à Dieu de ce réveil. 5. Pour couronner sa foi sublime, La France, hélas, avait trop peu : Sur le bûcher, pure victime, Jeanne rendra son âme à Dieu. 6. Lorsque le Christ, aux Francs qu’il aime A prodigué tant de faveurs, Le désespoir est un blasphème : Non, non, Français en haut les cœurs ! 7. Autour de nous si tout chancelle, Gardons encore le souvenir ; Sous l’étendard de la Pucelle Est abrité notre avenir.

mardi 7 mai 2013

Prière de saint Alphonse Rodriguez

Prière de saint Alphonse Rodriguez

Très souvent, je ne m'entretiens et ne converse qu'avec Jésus et la sainte Vierge, sa très sainte mère, les amours de mon âme. Je leur rends compte de ce qui me concerne, car je suis si nul, si grossier et si ignorant, que je ne suis absolument bon à rien. Je recours donc à eux, en leur racontant ce qui m'arrive, et je les prie de me venir en aide et de me protéger, afin que je fasse tout suivant leur bon plaisir et non pas autrement. Mon cœur plein d'amour pour Dieu est extrêmement désireux de lui plaire ; et pour lui être agréable, je suis prêt à renoncer à tout en ce monde et à moi-même. Ayant égard à mes bons désirs, et voyant que je traite tout avec lui et avec la Sainte Vierge, que je ne veux que ce qu'ils veulent, et que, dans mon recours à eux, je me remets moi-même, mes intérêts et ceux du prochain entre leurs mains, Dieu fait que tout réussit et arrive selon leurs desseins. C'est avec un certain élan d'amour que je vais trouver Jésus et Marie et converser avec eux ; ils me répondent avec une douce suavité et me font connaître leur sainte volonté, en m'apprenant en même temps comment l'exécuter. Dans cette douce familiarité que j'ai avec Jésus et la sainte Vierge, je me comporte comme un enfant encore au sein. Celui-ci ne peut ni ne sait d'enorgueillir, parce qu'il est un enfant ; or, avec la grâce de Dieu, mon âme en vient dans ces entretiens, à cet état qu'elle ne saurait et ne pourrait s'enorgueillir plus qu'un petit enfant qui n'a pas encore été sevré. Saint Alphonse Rodriguez, jésuite (1533-1617), Mémoire, juin 1615 .

lundi 6 mai 2013

Allégresses de Marie

Allégresses de Marie

Nous avons connaissance de la dévotion aux Allégresses de Marie par un poème écrit à Cantorbéry vers 1050. Le nombre des allégresses oscille entre sept et quinze. Clément IV (1265-68) rédige un poème aux Sept Allégresses. Les Franciscains adoptent cette dévotion dès le début, sous la forme du Chapelet des 72 Ave ou Couronne des Sept allégresses. Au XVe s., c'est l'école mariale de saint Bernardin de Sienne (1380-1444) qui lui donne sa forme définitive et en répand la pratique : Jean de Capistran (1386-1456) en Allemagne, le bienheureux Chérubin de Spolète (1414-84) en Italie, le bienheureux Gabriel Maria (v. 1460-1532) en France. Un Franciscain de Venise écrit vers 1493 le Livre très dévot des Sept Allégresses. Le bienheureux Bernardin de Bustis (v. 1450-v. 1515) en traite abondamment dans le Mariale. Fra’ Mariana de Florence rédige en 1503 un traité de La couronne des XII étoiles et La Couronne des VII allégresses. Léon X (1513-21) approuve le chapelet des 72 Ave Maria. Ces joies de Marie se retrouvent sous une forme quelque peu différente dans les mystères joyeux et glorieux du Rosaire. Le culte de Notre-Dame des VII Allégresses est très présent aux Trois-Rivières (Canada). La première allégresse est l’Annonciation (Luc 1, 26-38) ; la deuxième, la Visitation (Luc 1, 39-56 ; 3, 1-6) ; la troisième, la Naissance de Jésus (Luc 2, 1-7 ; Matthieu 1, 18-25) ; la quatrième, l’Adoration des Rois Mages (Matthieu 2, 1-12) ; la cinquième, le Recouvrement de Jésus au Temple (Luc 2, 41-52) ; la sixième, la Résurrection de Jésus (Matthieu 28, 1-7 ; Marc 16, 1-7 ; Luc 24, 1-8) ; et la septième, l’Assomption de Marie (Apocalypse 11, 19 ; 12, 1).

dimanche 5 mai 2013

Prière de Guillaume Alexis

Prière de Guillaume Alexis

« Ô Reine qui fûtes mise / Et assise / Là-sus au trône divin, / Devant vous en cette église, / Sans feintise, / Je suis venu ce matin. / Comme votre pèlerin, / Chef enclin, / Humblement je vous présente / Mon corps et mon âme, afin / Qu’à ma fin / Vous veilliez être présente. / Vierge, reine débonnaire, / Exemplaire / De parfaite charité, / Vers vous je me viens retraire, / Car soustraire / Veux mon cœur de vanité. / Hélas ! Vierge, j’ai été, / Maint été / Et maint hiver, sans bien faire ; / L’ennemi m’a fort guetté / Et tenté / Pour moi en enfer attraire. / Je suis des mauvais le pire, / À vrai dire ; / Car tout mon entendement / Ai mis pour à chacun nuire, / Et empire / De jour en jour grandement. / Quand je pense fortement / Vraiment, / Je ne sais moi que je fasse / Sinon de pleurer souvent / Ci-devant / Votre glorieuse face. / Très précieuse fontaine, / Claire et saine, / Et vraie étoile de mer, / Espérance très certaine, / D’amour pleine, / Que pécheurs doivent clamer, / Où me pourrai-je bouter / Ni sauver / Quand Dieu chacun jugera ? / Qui me pourra conforter / M’assurer, / Vierge, quand le jour sera ? / Hélas ! Vierge, que feront, / Que diront / Pécheurs à cette journée ? / Car les anges trembleront / Quand orront / La sentence redoutée / Lors soyez, Vierge honorée. / Apprêtée / Devant Dieu à jointes mains, / En disant : « Douce portée, / Très aimée, / Ayez pitié des humains. » / Hélas ! Vierge, que ferai, / Où serai / À ce jour horrible et fier ? / À vous du tout me rendrai / Et dirai / Que suis votre prisonnier. / Je m’y dois bien rallier / Et fier ; / Car vous êtes tant bénigne / Que ne pouvez oublier / Ni laisser / Celui qui vers vous s’incline. Guillaume ALEXIS (v. 1440/50-1486), Bénédictin, Oraison très dévote.

samedi 4 mai 2013

Aieparthenos

Aieparthenos

Grec, de aion, « toujours », et parthenos, « jeune fille », « vierge ». La liturgie célèbre Marie avec ce titre de « toujours Vierge ». Le second Symbole de foi, de saint Épiphane, en 374, affirme que le Fils de Dieu « s'est incarné, c'est-à-dire a été engendré parfaitement de Sainte Marie, la toujours Vierge, par le Saint-Esprit ». L'expression se retrouve au concile de Constantinople II (553) : le Verbe de Dieu, « s'étant incarné dans la Sainte et glorieuse Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, est né d'elle ». Cette doctrine est réaffirmée au concile de Latran IV (1215) et au concile de Lyon II (1274), ainsi que dans la définition du dogme de l'Assomption de Marie, où la virginité perpétuelle de Marie est présentée comme une des raisons de son élévation à la gloire céleste avec son âme et son corps. À la messe, dans la prière eucharistique I, l’Église fait mémoire « en premier lieu de la bienheureuse Marie, toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur, Jésus-Christ ».

vendredi 3 mai 2013

Prière à la Vierge noire

Prière à la Vierge noire

Je cherche un peintre indigène / Qui me ferait une Vierge noire, / Une Vierge en beau « kéyouwa » / Comme en portent nos mamans. / Voyez-vous, ô Mère, / Mes Jaunes vous ont prêté / Leur couleur jaune. / Les Rouges vous ont faite / Semblable à leurs femmes. / Les Blancs vous ont représentée / En fille occidentale / Et vous vous refuseriez / À prendre notre couleur ? / D’ailleurs depuis votre Assomption ; / Depuis le jour glorieux / Où vous avez été triomphalement / Ravie au ciel, / Vous n’avez plus de couleur/ / Ou plutôt vous avez toutes les couleurs : / Vous êtes jaune avec les Jaunes, / Vous êtes rouge avec les Rouges, / Vous êtes blanche pour les Blancs, / Vous êtes noire pour les Noirs, / Telle une mère qui aurait plusieurs enfants. / Une Vierge en beau « kéyouwa » / Comme en portent nos mamans, / Je cherche un peintre indigène / Qui me ferait une Vierge noire. Des prêtres noirs s’interrogent, 1956.

jeudi 2 mai 2013

Prière à Marie

Prière à Marie

« Vierge Marie, tu connais mon cœur. / Tu sais que mon seul désir / est de donner aux autres et à mes enfants / tout ce que Ton Fils m’a donné. / Que mes sentiments et mes paroles, / mes loisirs et mon *travail, / mes actions et mes pensées, / mes réussites et mes difficultés, / ma vie et ma mort, / ma santé et mes infirmités, / tout ce que je suis et tout ce que je vis, / que tout soit pour eux / puisqu’Il n’a pas dédaigné Lui-même de se dépenser pour eux. / Apprends-moi donc, ô Marie, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, / à consoler ceux qui sont affligés, / à redonner du courage à ceux qui n’en ont pas assez, / à relever ceux qui tombent, / à me sentir faible avec les faibles, / à me faire tout à tous. / Mets sur mes lèvres des paroles droites et justes, / afin que nous croissions tous dans la foi, l’espérance et l’amour, / dans la ferveur de l’esprit et du cœur. […] / Donne à mes enfants la lumière / et la lumière dont ils ont besoin. / Fais que je sache m’adapter / à chacun de mes frères, de mes enfants, / à leur caractère, à leurs dispositions, / à leurs capacités et à leurs limites, / selon les temps et selon les lieux, / comme Ton Fils le jugera bon, ô Marie ma Mère. » Aelred de Rievaulx (1110-1166/67).

mercredi 1 mai 2013

Adorna Thalamum tuum

Adorna Thalamum tuum

« Orne ta chambre nuptiale ». Antienne orientale, qui aurait été composée par saint Jean Damascène, connue par l’antiphonaire de Mont-Blandin, conservé dans la Bibliothèque royale de Bruxelles (Belgique), cod. 10127-10144. Adorna thalamum tuum, Sion, / Et suscipe regem Christum / Amplectere Mariam / Quæ est celestis porta / Ipsa enim portet regem gloriæ / Novo luminis subsistit Virgo / Adducens in manibus Filium ante luciferum / Quem accipiens Symeon in ulnis suis / Predicavit populis / Dominum eum esse / Vitæ & mortis / & Salvatorem mundi. « Orne ta chambre nuptiale, Sion, pour accueillir ton Roi. Attache-toi à Marie, elle est la porte du ciel. C’est elle qui porte le Roi de gloire, la nouvelle lumière. Elle reste vierge, elle qui tient entre ses mains ce Fils né avant l’étoile du matin. Siméon le reçut dans ses bras et annonça aux peuples : Il est le Sauveur du monde. Siméon avait reçu de l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur. Et comme ils apportaient l’Enfant au Temple, il le prit dans ses bras, et bénit Dieu en disant, etc. » Il célèbre la Fille de Sion, Vierge épouse, passant de la Synagogue à l'Église par la rencontre de son Fils avec son peuple, et la *maternité à la fois royale et divine de Marie, avant, pendant et après l'enfantement. Marie est dite Trône des chérubins après que le Christ a été déclaré Roi de gloire.